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17 octobre 1961, le crime de l’État français

mardi 11 octobre 2022, par Michel Berthelemy

Ce 17 octobre 2022, sera commémoré dans plusieurs villes de France le massacre de centaines d’Algériens par la police parisienne le 17 octobre 1961. Un appel dans ce sens est lancé par des dizaines d’associations, dont la 4ACG, d’organisations, de syndicats et de partis politiques. A Paris, le rassemblement aura lieu à 18h, le lundi 17 octobre, sur le Pont Saint-Michel. A Epinay s/Seine, autre rassemblement à la même heure sur la Place René Clair. Voir le texte de l’appel en annexe.

« Dans l’histoire moderne de l’Europe occidentale, il s’agit de la répression d’État la plus violente qu’eût jamais provoqué une manifestation de rue ». C’est en ces termes que les historiens britanniques Jim House et Neil MacMaster parlent du massacre perpétré à Paris et en banlieue par la police parisienne.
Fin 1961, De Gaulle engage des négociations avec le FLN. Michel Debré n’est pas d’accord, il demande au préfet Papon de « détruire le FLN en France ». Les quartiers où sont regroupés les immigrés, les bidonvilles de la région parisienne, notamment celui de la Folie à Nanterre, sont soumis à de fréquentes descentes de police, à la recherche des militants du FLN alors en conflit sanglant avec le MNA pour un problème de suprématie dans les négociations avec le pouvoir français. Le 5 octobre, ce dernier décrète un couvre-feu interdisant aux Algériens de circuler entre 20h30 et 5h30 du matin. Le FLN décide alors d’organiser une manifestation pacifique. Le soir du 17 octobre, à l’heure interdite et sous la pluie, plusieurs dizaines de milliers de manifestants, hommes, femmes et enfants, se mobilisent avec pour mot d’ordre de rejeter toute violence. Devant l’ampleur de la manifestation, le préfet Papon donne carte blanche aux policiers pour qu’ils empêchent la « prise de Paris » par le FLN. Se déclenche alors un déchaînement de violence sur des civils désarmés. Aux matraquages, et à l’assassinat de centaines de personnes vont succéder des chasses à l’homme aux quatre coins de Paris et de sa banlieue, des enfermements massifs, des scènes de torture et des expulsions par charters d’Algériens « vers leur douar d’origine » selon la terminologie ministérielle française. Pour l’historien Emmanuel Blanchard, il est impossible, après tant d’années, d’établir un bilan exact. On estime aujourd’hui le nombre de disparus entre 200 et 300.
Malgré les travaux considérables et précis de Jean-Luc Einaudi, cette page tragique de notre histoire est encore en grande partie à écrire. Du côté des politiques, la prudence est de rigueur. François Hollande en 2012 a commencé à reconnaître « une répression sanglante ». Emmanuel Macron, neuf ans plus tard, évoque des « crimes inexcusables ».
Encore un effort, mesdames et messieurs les responsables politiques, pour enfin reconnaître l’évidence : le 17 octobre 1961, a été perpétré à Paris, au nom du peuple français, un crime d’État.

Michel Berthelemy

Parmi les ouvrages publiés sur le sujet :
La Bataille de Paris, de Jean-Luc Einaudi, Le Seuil, 1991
Paris 1961, les Algériens, la terreur d’État et la mémoire, de Jim House et Neil MacMaster, éditions Tallandier, 2008
La police parisienne et les Algériens, Emmanuel Blanchard, Nouveau Monde éditions, 2011
Ici on noya les Algériens, Fabrice Riceputi, le Passager clandestin, 2021
Voyage intime au milieu des mémoires à vif, Marie-Odile Terrenoire, éd. Recherches, 2017
sans oublier le remarquable n° spécial de Géo-Histoire de février-mars 2022 « La guerre d’Algérie, les faits, les hommes, les controverses

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